Technique
1°) LA TERRE

Les pièces de poterie utilisées en raku sont faites dans une argile particulière, qui doit résister à de grands chocs thermiques:
soit par ajout de chamotte (brique pilée plus ou moins fin), ou de talc, ou d’autres éléments qui vont lui donner de la souplesse pour lui permettre de se dilater sans casser,
soit parce que son point de vitrification est beaucoup plus élevé que la température de cuisson en raku (porcelaine, certains grès...). Le point de vitrification est la température à laquelle l’argile se transforme de façon irréversible en devenant imperméable (ce qui n’est pas le cas de vos pots de fleurs de jardin, par exemple).

2°) L’ÉMAIL

L’émail est une pellicule de verre qui recouvre le tesson (la terre cuite).
Cet émail peut avoir une composition chimique très complexe.
Pour le raku, on utilise des “FRITTES”: c’est du verre pilé que l’on dilue dans de l’eau. On y ajoute des éléments ou des oxydes de métaux qui vont donner des couleurs et des effets spéciaux.
On applique l’émail sur les poteries déjà cuites (en général), soit au pinceau, soit pas trempage, pulvérisation, ...

L'OXYDATION-RÉDUCTION

Les oxydes métalliques donnent en cuisson raku des reflets plus ou moins métallisés.
Pensez à un vulgaire tuyau de cuivre. Tout le monde sait que sous l’action de l’humidité, le cuivre à l’air libre va devenir bleu-vert: c’est le “vert de gris”.
Si on gratte la surface du métal, on découvre en dessous l’éclat du cuivre, bien rouge, bien brillant. L’action de l’oxygène de l’air a oxydé le métal en surface, le cuivre oxydé est vert.

Si notre émail contient du cuivre, et qu'il refroidit à l’air libre, il va être vert. Cela s’appelle l’OXYDATION.
Si on prive cet émail d’oxygène , il va être métallisé et ressembler à du cuivre bien astiqué: On dit alors qu’il y a RÉDUCTION.
Voici deux exemples: sur le premier, on a une superbe réduction, la pièce est très rouge, sur le deuxième, il y a du vert ET du rouge

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3°) LA CUISSON RAKU

La cuisson en raku ne se mène pas comme une cuisson normale, où les poteries sont amenées très progressivement à la température de fusion de l’émail, et ensuite refroidies tout aussi lentement:
Ici, on est dans une démarche beaucoup plus brutale.
Le four est monté à très haute température (900°c ou plus). Les pièces de poterie sont enfournées dans le four rouge. On surveille la fusion de l’émail, puis on défourne la pièce avec des pinces.

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On la laisse alors refroidir dans un seau de sciure fermé hermétiquement, après l’avoir laissée (ou pas ) prendre un peu l’air, puis on la trempe (ou pas) dans l’eau pour la refroidir très rapidement.

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Que se passe-t-il?
L’émail soumis à un choc thermique énorme va se craqueler, se fendiller.
Le refroidissement dans un récipient contenant de la sciure et fermé va provoquer un RÉDUCTION (voir plus haut) car la sciure va, en brûlant, prendre pratiquement tout l’oxygène de l’air disponible, L’émail prendra alors des reflets plus ou moins métalliques.

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La terre, en refroidissant, va aspirer le noir de fumée ambiant, et devenir plus ou moins noire là où il n’y a pas d’émail, et dans les craquelures et défauts de l’émail. Ces craquelures noires sont une des principales caractéristiques du raku. Elles sont particulièrement belles, à mon avis, sur de l’émail blanc, ou transparent.

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4°) DÉCORATIONS À L'OR
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On peut, en troisième cuisson, ajouter des décorations à l'or: on applique un produit contenant de l'or mélangé à des résines, et on refait cuire, aux alentours de 500-600°C. La pièce est ensuite traitée en enfumage ou refroidie à l'air selon l'émail et l'effet choisi. IL y a encore plus de risque de casse!

 

 

 

 

5°) DÉCORATIONS À L'ARGENT

Je me suis penchée depuis 2007 avec une amie belge (voir les liens amis) sur la compatibilité du raku avec le travail de la pâte d'argent. Les résultats sont encourageants.
La pâte d'argent, commercialisée sous l'appellation "art-clay" ou "P.M.C." est apparue il y a une dixaine d'année en France. Elle est faite de particules d'argent récupérées sur les pellicules argentiques (film, radios, ...), et aglomérées dans un substrat non toxique. on peut modeler cette pâte comme de l'argile, ou l'appliquer sur un support compatible au pinceau ou à la seringue. La cuisson se fait entre 650 et 800°C. Au delà, l'argent brûle.
Cette fourchette de température de cuisson rend cette pâte compatible avec une cuisson raku, en faisant attention à ne pas trop monter, et donc souvent, en troisième cuisson. Sur de l'émail, pas de problème, ça tient, avec toutefois une "pollution" de l'émail par l'argent, ce qui crée un halo jaune (pas toujours souhaité) sur le blanc, mais aussi parfois des effets somptueux.

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6°) LE RAKU NU
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Le raku nu est une technique qui consiste à faire sauter l'émail après la cuisson raku. Pour y arriver, il faut intercaler entre le tesson et l'émail un engobe particulier qui va empêcher l'émail de fusionner avec la terre.
Le tesson lui-même doit avoir été poli soigneusement ( sinon, les effets sont moins nets, et la pièce a un aspect mat, alors qu'en polissant, on obtient une surface qui luit et des effets de craquelures et d'enfumage magnifiques). Après l'enfumage, on plonge la pièce encore chaude dans de l'eau froide. Si tout se passe bien, l'émail s'écaille comme une coquille d'oeuf, et il n'y a plus qu'à nettoyer soigneusement la pièce des restes d'engobe.


2006 - 2024 | Laurence DESTRADE